tomy63 a écrit :M'accordes-tu au moins la tourbe ?
Mhhh, difficile de trancher. Par exemple, on a tendance à mettre tous les Islays dans le même sac. Sauf que déjà, on ne peut pas mettre dans ce sac Bunnahabhain et Bruichalddich, puisque la grande majorité de leur gamme, leur typicité est non tourbée (ie les tourbés sont des versions -voir des gammes- spéciales et clairement identifiées et définies comme telles). Reste donc la grosse cavalerie Ardbeg/Bowmore/Caol Ila/Kilchoman/Lagavulin/Laphroaig/Port Ellen qui sont effectivement tous traditionnellement tourbés. Et on peut effectivement penser que sur une petite île comme ça, il n'y ait qu'une sorte de tourbe. Oui mais voilà, chacune de ces distilleries exprime cette tourbe de manière spécifique, et parfois fort éloignée de ses voisines.
Il y a, sauf erreur de ma part, des tourbières sur l'île de Jura, et pourtant, le whisky qui y est produit n'a pas un standard tourbé. Là aussi, les versions tourbés sont des exceptions, des versions bien spécifiques.
Pour Talisker, c'est un standard tourbé, mais je ne suis pas sur qu'il y ait de la tourbe sur l'île de Skye.
Highland Park est la preuve qu'il y a de la tourbe sur l'île d'Orkney, et une tourbe bien spécifique (la fameuse bruyère), et qui donne au profil surtout un côté fumé et non tourbé ... sauf que l'autre distillerie de l'île, Scapa, n'est pas tourbée ni même fumée.
Quand aux whiskys traditionnellement tourbés qui ne sont pas sur une île - je pense notamment à Ardmore et Longrow- , je ne suis pas sur non plus qu'ils disposent de tourbières à proximité.
tomy63 a écrit :Et pour l'eau salée, qu'en penses-tu Canis ? on pourrait la faire rentrer dans le terroir vu qu'il en reste dans le distillat, non ?
Ah non, pas d'eau salée dans le distillat. Je ne suis pas biochimiste, mais je doute que les levures apprécient d'être dans de l'eau salée, ou même saumâtre. Il n'y a donc pas d'eau salée qui entre dans les alambiques, et donc pas plus qui n'en sortent dans le distillat.
L'apport de sel dans un whisky est un processus bien connu qui vient uniquement des échanges au travers du bois du fut, et vient donc uniquement de la région ou se trouve le chais. Un chaise n bord de mer sera exposé aux embruns, baignera dans une atmosphère chargée de sel. Sel qui se dépose un peu partout, y compris sur la parois externe des futs, chaque fois que ces embruns s'évaporent. On sait aussi que le whisky migre dans l'épaisseur du bois selon les saisons. Lorsque les pores du bois sont dilatées, le whisky migre vers l'extérieur et va chercher le sel (c'est aussi cette migration qui explique, au moins en partie, la part des anges, il me semble). A la saison ou les pores du bois se referment, le whisky se rétracte et ramène ce sel avec lui dans le fut.
Donc on peut avoir des cas en apparence illogiques de distilleries côtières qui produisent du whisky non salé car elles stockent dans des chais éloignés du bord de mer, et à l'opposé des distilleries "continentales" qui vont chopper des notes maritimes parce qu'elles stockent dans des chais en bord de mer.
Bref, c'est un beau bordel pour essayer de s'y retrouver et d'en déduire une quelconque logique.
Reste qu'au final, c'est sans doute ce qui nous offre cette étonnante diversité, cette incroyable palette organoleptique et ce pour notre plus grand bonheur gustatif ... et notre plus grand malheur financier.
