Ceux qui évoquent les rémunérations de plusieurs centaines/millions d'euros de dirigeants d'entreprise mondialisées doivent admettre qu'ils travaillent à la marge : En 2008, on comptait plus de 130 000 entreprises de moins de 20 salariés, pour à peine plus de 25 000 entreprises comptant entre 20 et 50 salariés. Et au delà de 50, on tombe à 15 000. 15 000 entreprises de plus de 50 salariés, ce sont 15 000 dirigeants qui vont toucher une rémunération moyenne de l'ordre de 115 000 euros annuels, ce qui intègre les rémunérations des dirigeants de grandes entreprises. En termes de salaire médian, je ne serais pas étonné que l'on tourne plutôt autour de 75 000 euros, un niveau de rémunération qui se rencontre communément dans la population des cadres des grandes entreprises industrielles.
Si l'on considère l'ensemble des dirigeants de PME, on tombe sur une rémunération médiane de l'ordre de 4000 Euros brut mensuel, ce qui est tout à fait comparable à celle d'un technicien cadré au bout de 15 ans et comptant 25 années d'expérience dans une grande entreprise. Je ne sais pas si c'est suffisant pour susciter des vocations, et pour être tenté d'endosser les responsabilités pénales et morales qui vont avec...
Canis Lupus a écrit :La petite "démonstration" montre aussi que le plus mécontent est le 5ème personnage, celui qui payait 1€ et ne paye plus rien. Je pense que cela illustre les limites, et la problématique de l'augmentation du SMIC. En effet, lorsqu'on augmente le SMIC, ceux qui étaient juste au dessus ne sont pas augmentés, mais deviennent des SMICards. Et faut pas se voiler la face, cette qualification revêt une connotation péjorative à notre époque, complètement injustifiée, certes, mais pas moins réelle pour autant. Autre sujet de mécontentement: lorsqu'on est payé un peu au dessus du SMIC, on estime, à tord ou à raison, qu'on a un meilleur boulot que les "SMICards", qu'on est mieux reconnu, plus éstimé. Tout cela s'écroule quand on est rattrapé par le SMIC alors qu'on continue pourtant de faire le même boulot qu'avant. Alors certes, on récupère (peut-être) un peu de pouvoir d'achat par la baisse d'impots sur le revenu que représente le fait de baisser d'une tranche pour être éxonéré. Ici, le problème n'est donc pas tant le pouvoir d'achat, mais l'estime de soi, le besoin de reconnaissance, l'ego, la fierté. Ce sont certes des considérations fort individualistes, pour ne pas dire égoïstes, mais la encore, ce sont des réalités, l'homme est ainsi fait.
Tout cela est très juste. Ce qui suscite la frustration, ce n'est pas ce que je gagne, c'est ce que j'ai gagné et que je ne gagne plus, ou c'est ce que gagne l'autre par rapport à moi rapporté à l'idée que je me construis du rapport de nos mérites respectifs. Et ces déséquilibres sont au moins aussi présents transversalement que hiérarchiquement. Mais on n'en parle moins. Ainsi, le même technicien informaticien qui appointera entre 20.000€ et 30.000€ annuels dans une SSI de quartier peut très bien gagner 30% à 50% de plus dans une autre entreprise.
Au final, je me demande dans quelle mesure l'erreur fondamentale n'est pas de considérer que l'homme est par Nature un animal social (quand je pense que ma femme enseigne à St Thomas D'Aquin...). Il peut se montrer sociable, à l'occasion, et la société est nécessaire à la prospérité de l'espèce, mais je pense que c'est plus la raison qui le conduit à se comporter en être social que les caprices de la Nature. Pessimiste le Lévy ? Bof... Un poil désabusé en ce moment, disons...